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Aspects cliniques de la prise en charge de l'enfant à la personne vieillissante

Pour ce cous, il nous a été demandé de choisir une pathologie, un trouble et de réaliser une recherche sur le sujet.

 

J'ai choisi l'anorexie mentale.

 

Introduction

 

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire. Il signifie littéralement « absence d’appétit ». Le médecin Richard Morton, en 1689 parle de « dépérissement physique d’origine nerveuse ». Durant la 2ème moitié des années 1800, même si les auteurs Lasègue et Gull avancent qu’elle est d’origine psychique, elle est soignée de manière physique. En 1950, il est compris que ces signes physiques observés ne sont que des conséquences de ce trouble et qu’il est nécessaire de se concentrer sur l’aspect psychologique (EKI-LIB Santé Côte-Nord, s.d). 

 

Quant à la prévalence (au niveau international), elle se situe autour de 0,9 % à 1,5 % chez les femmes. Chez les hommes, elle est moins élevée. En effet, elle tourne autour de 0,25 % à 0,3 % (HAS, 2010). 

 

 

Qu’est-ce que l’anorexie mentale ?

 

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui touche majoritairement un public féminin. Elle est caractérisée par la répulsion volontaire de la nourriture, l’action de résister à la faim. En effet, elle est d’origine psychologique. Toutefois, elle est perçue comme une maladie réelle mais n’est pas toujours entendue par l’entourage de l’individu (Inserm, 2014).

 

Les personnes qui en souffrent vivent dans la peur perpétuelle d’être trop « grosses ». Elle se lancent dans des régimes ou des programmes dans le but de perdre du poids et ce, peu importe l’avis de leur entourage. Tout excès nutritif ou de prise de poids est inacceptable pour la personne atteinte de ce trouble. Leur poids devient leur préoccupation première. La représentation que ces personnes ont de leur corps ne correspond pas à la réalité (exagération de leur apparence et de leur taille). Ce trouble s’accompagne de manifestations psychologiques (anxiété) et de dénutrition progressive. 

 

 

Qui peut en être atteint ?

 

Elle est essentiellement retrouvée chez les filles (1 garçon pour 10 filles) et est liée au besoin intense d’être ou de rester mince. L’anorexie s’inscrit généralement à partir de l’adolescence, après l’apparition de la puberté (le plus souvent entre 14 et 17 ans) et peut être présente jusqu’à l’âge de 40 ans. Après, elle est rarement observée. Les personnes intégrant des problèmes de santé sont également à risque (indice de masse corporelle bas ou élevé, problèmes gastro-intestinaux, diabète de type 1, etc.). Certaines professions telles que les danseuses, les mannequins, les sportifs de haut niveau peuvent également faire émerger ce trouble du comportement alimentaire (HAS, 2018).

 

Quelles sont les causes de cette maladie ? 

 

Concernant l’étiologie de l’anorexie mentale, les recherches ne permettent pas de déterminer clairement la/les causes. Actuellement, il est établi que le sexe féminin est un facteur de risque. De plus, dans notre société, le surpoids est généralement perçu comme négatif et peut faire peur. C’est pourquoi, beaucoup d’individus recherche la minceur et ne sont pas satisfaits de leur corps. Ce trouble commence généralement par une restriction alimentaire (régime ou par hasard) entrainant un état de dénutrition. Le poids, principalement chez les filles, devient une préoccupation démesurée et apparait comme un facteur de risque (Gerday. A et Orban. C, 2014). Selon l’Inserm (2014), un facteur biologique peut être établi notamment lorsqu’il y a un hyperfonctionnement du système sérotoninergique. Au niveau génétique, ce serait plutôt une série de gènes qui, associés à d’autres facteurs de risque, favoriseraient l’émergence de l’anorexie mentale. 

 

Les aspects familiaux et sociaux peuvent également contribuer au développement de ce trouble. En effet, les personnes appartenant à des milieux socio-économiques moyens ou élevés sont davantage sujets, notamment à cause de leurs exigences personnelles particulièrement élevées. La culture peut également intervenir dans l’apparition de ce trouble (Gerday. A et Orban. C, 2014).

 

Une origine multifactorielle (génétique, biologie, psychologique, environnementale, socioculturelle, familiale) semble être présente. En effet, aucun de ces facteurs n’est suffisant pour développer à lui seul l’anorexie mentale. 

 

Quels sont les signes/symptômes l’anorexie mentale ?

 

Sur base de la CIM et du DSM V, l’anorexie mentale regroupe des critères cliniques précis nuisant généralement à la santé physique et mentale de la personne. 

 

Ils concernent : 

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  • la manière dont la personne se nourrit (privation, diminution excessive des quantités, refus de manger, angoisse intense de prendre du poids, etc.) ; 

  • l’éventuel recours à des actions telles que la prise de laxatifs ou les vomissements ; 

  • un indice de masse corporel inférieur à 17,5kg/m2 (représentation corporelle totalement altérée) ; 

  • une altération et une déformation de sa perception corporelle ; 

  • une altération de l’estime de soi (impression de maitriser son corps, peur intense de prendre du poids) ; 

  • l’absence des règles depuis trois mois ou plus ; 

  • un ralentissement de la croissance (Inserm, 2014).

 

Certains critères seraient discutés. En effet, l’interruption des règles, bien qu’il soit indispensable à la pose du diagnostic, serait constaté tardivement. En effet, cela retarderait la mise en place de la prise en charge. La peur de grossir est également remise en cause. Elle ne serait pas présente dans tous les cas et serait davantage liée à l’environnement socio-culturel de la personne. 

 

Deux types d’anorexie mentale sont distingués. D’une part, nous retrouvons le type restrictif, qui signifie principalement la diminution importante de leur apport alimentaire (sans épisode de boulimie ou de vomissements). De plus, certaines personnes réalisent un effort physique intense même lorsqu’elles arrivent à un stade cachectique. D’autre part, nous observons le type caractérisé par des épisodes de boulimie/vomissements/prise de purgatifs. Là, les individus ingèrent de manière incontrôlable, une certaine quantité de nourriture (supérieure à une consommation adéquate) avant d’aller se faire vomir. Parfois, ils prennent des laxatifs, des diurétiques ou des lavements (Attia. E et Walsh T, 2018). Ces comportements sont présents chez 30 à 50% des personnes souffrant d’anorexie. 

 

Il est important d’établir un diagnostic différentiel afin d’exclure toutes autres maladies somatiques pouvant provoquer une importante perte de poids telles que les cancers, les maladies intestinales, certains troubles mentaux (schizophrénie, épisode dépressif), etc (Attia. E et Walsh T, 2018).

 

Certains symptômes physiopathologiques (taux d’hormones gonadiques faible, taux diminués de thyrocine (T4) et de triiodothyronine (T3), etc.) et physiques (plaintes de météorisme, de douleur abdominale, de constipation, dépression, perte de l’envie sexuelle, perte de cheveux, etc.) apparaissent dans le cas d’une anorexie mentale. Généralement, la dénutrition provoque des dysfonctionnements sur les organes principaux. Des altérations cardiaques surviennent, ce qui peut aboutir à des tachyrythmies ventriculaires, qui provoque souvent la mort. 

 

Ces personnes sont isolées socialement. Cette situation peu s’accentuer si la maladie s’aggrave. D’autres conséquences peuvent apparaitre. Lorsque le corps est dénutri, une immaturité corporelle survient. En effet, une indifférence voire une crainte extrême pour la sexualité ainsi qu’une aversion pour le corps de la femme peut être constaté (Inserm, 2014). 

 

De plus, au niveau de interactionnels relationnelles et sociales, les rapports humains sont fréquemment compliqués et altérés (ex : diner en famille). La vie affective et sexuelle est également altérée. Tout cela entraine des conséquences sur la vie scolaire ou professionnelle (Inserm, 2014).

 

Lorsque l’anorexie n’aboutit pas à un décès, certaines conséquences néfastes physiques (troubles circulatoires, troubles cardiaques, etc.) et psychologiques (dépression, isolement social, automutilation, etc.) peuvent être constatées (Inserm, 2014).

 

 

Quels sont les troubles associés ?

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Des troubles psychologiques sont associés à l’anorexie : 

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  • trouble obsessionnel compulsif ; 

  • phobie sociale ; 

  • dépression. 

 

Il est encore compliqué de déterminer si l’anorexie mentale peut entrainer ces troubles ou si ce sont les personnes atteintes de ces troubles qui sont susceptibles de souffrir d'anorexie mentale (Passeport Santé, 1998-2019).  

 

Quelle est la prise en charge ?

 

Un repérage ainsi qu’une prise en charge précoces de ce trouble tendent à influencer positivement l’évolution du pronostic de ce trouble. En effet, il peut durer entrer un an et demi et cinq ans. Au terme, 2/3 de ces personnes sont guéries. Pour le tiers restant, il est question d’éventuelles rémissions ou de guérisons tardives. Dans ce cas, nous parlons d’anorexie mentale chronique. 

 

A la fin, la moitié des individus pris en charge pour ce trouble guérissent, un tiers est dans une voie d’amélioration, 21% intègrent des troubles chroniques et 5% décèdent. Lorsque l’individu arrive au terme de son hospitalisation, il doit rester vigilant. En effet, l’année qui suit représente un taux de mortalité important le plus fréquemment dû aux complications somatiques (plus de 50% des cas) ou à un suicide (27% des cas = taux le plus élevé en ce qui concerne les maladies psychiatriques) (Inserm, 2014). 

 

Un trouble un comportement alimentaire manifeste un profond mal-être, parfois compliquer à saisir et à traiter. 

Concrètement, la prise en charge d’une personne souffrante d’anorexie mentale doit avoir comme objectifs :

 

  • la prise de poids (corps) ; 

  • l’accompagnement de la souffrance psychologique (esprit); 

  • surveiller et réduire l’impact sur la vie sociale et relationnelle (contexte familial, relationnel, etc) (Inserm, 2014)..

 

Durant cette prise en charge, il est indispensable d’inclure l’entourage de l’individu et de ne pas le mettre à l’écart. En effet, ce trouble impact automatiquement l’ensemble de la famille. De ce fait, il est important de les faire participer à la thérapie afin de renforcer les liens existants dans la famille, surtout lorsque ce trouble touche un adolescent. S’il s’agit d’un adulte, un suivi nutritionnel associé à une psychothérapie individuelle est privilégié (Inserm, 2014).

 

La début d’une prise en charge est soit une consultation, soit une hospitalisation (en cas de risque vital pour la personne ou de demande d’aide de la famille).

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La priorité reste l’aspect vital : le corps. Il est nécessaire de veiller à ce que l’individu recommence à se nourrir et de manière adéquate et adaptée. 

Par après, la personne peut bénéficier d’un suivi multidisciplinaire, psychologique, somatique voire médicamenteux si cela s’avère bénéfique pour la prise en charge (Inserm, 2014).

 

Face à une personne souffrant d’anorexie mentale, l’orthopédagogue peut servir de soutien psychologique. En effet, il est essentiel que l’individu atteint d’anorexie mentale en parle le plus rapidement possible avant que cela évolue et ne s’aggrave. Il peut notamment déterminer avec l’individu des moments « de plaisir » afin que cela puisse l’aider à surmonter ce trouble. Par exemple, proposer de rouler à moto car cela provoque un bien-être à la personne. Celle-ci maitrise la situation. Il essayera de faire le lien avec la nourriture en essayant que l’individu y trouve également un plaisir et non une souffrance. Il peut l’aider à se détacher. Après avoir réalisé un travail centré sur la personne, il peut se décentrer et s’orienter vers les relations et les interactions sociales. Dans tous les cas, l’orthopédagogue prend une place centrale dans le suivi de ces jeunes. C’est lui qui peut relayer les informations entre les différents intervenants (parents, équipe médicale, etc.). Il est nécessaire d’inclure la famille dans ce suivi. 

 

Voici une vidéo intéressante sur le sujet : 

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Sources

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Verda, D. (2019 – 2020) cours d’aspects cliniques de la prise en charge de l’enfant à la personne vieillissante– spécialisation en orthopédagogie. Haute Ecole de Defré – Bruxelles (Uccle).

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Attia, E., Walsh, T. (2018). Anorexie mentale. Retrieved from : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/troubles-du-comportement-alimentaire/anorexie-mentale, consulté le 16 décembre 2019

 

HAS. (2010). Anorexie mentale : prise en charge. (PDF). Retrieved from : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2010-09/argu_anorexie_mentale.pdf, consulté le 16 décembre 2019

 

EKI-LIB SANTE COTE-NORD. (s.d). Aperçu historique des troubles alimentaires. (PDF). Retrieved from : http://www.eki-lib.com/CLIENTS/1-ekilib/docs/upload/sys_docs/historique_des_T.pdf, consulté le 17 décembre 2019

 

Inserm. (2014). Anorexie mentale. Un trouble essentiellement féminin, parfois mortel. Retrieved from : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/anorexie-mentale, consulté le 17 décembre 2019

 

Gerday, A., Orban, C. (2014). L’anorexie mentale : quand manger fait mal. Retrieved from : https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=2ahUKEwjehYaXtYrnAhXNIVAKHdSdAI0QFjAAegQIAxAB&url=https%3A%2F%2Fwww.solidaris-liege.be%2Fservlet%2FRepository%2Fquand-manger-fait-mal.pdf%3FIDR%3D20067%26IDQ%3D20%26saveFile%3Dtrue&usg=AOvVaw3V-v1830TxWazRki_71GJl,consulté le 17 décembre 2019

 

Passeport santé. (1998-2019). L’anorexie mentale. Retrieved from : https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=anorexie_mentale_pm,consulté le 17 décembre 2019

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